Avec Earth-Moon-Earth, Paterson recourt à l’ancienne technologie de radiocommunication Terre-Lune-Terre pour transmettre, depuis la Terre et jusqu’à la Lune, une partition de la Sonate au Clair de lune de Beethoven. Le sol lunaire réfléchit les ondes et renvoie l’information de manière incomplète, certains fragments absorbés dans ses ombres, perdus dans ses cratères et laissés en dérive dans l’espace à jamais. De retour sur Terre, la pièce romantique a été traduite en une nouvelle composition déformée, les disparités et les absences devenant des intervalles et des moments de contemplation silencieuse dans la mélodie devenue presque méconnaissable.

Dans la pénombre du studio d’Avatar, un piano automate reprend en boucle la sonate réalisée en collaboration avec un objet céleste. Le lent mouvement des notes aux amplitudes variables, fidèle à l’aura de la musique d’origine, laisse planer une ambiance à la fois morose et grandiose. En l’absence d’un interprète, la Lune semble faire acte de présence, comme si c’était elle qui menait la performance fantomatique.