Passage obligé

Pascale Théorêt-Groulx

Installation / 2024

Lors de sa résidence chez Avatar, Pascale Théorêt-Groulx travaillera sur une pièce sonore qui transpose les données de température, d’oxygène dissous et de conductivité prélevées en amont et en aval des barrages en une installation sonore multicanaux.

Depuis septembre 2023, Pascale Théorêt-Groulx parcourt les rivières qui se jettent dans le Lac Champlain à la recherche d’infrastructures qui restreignent leur débit : les barrages. Elle s’intéresse à la dimension physique, psychologique et philosophique de ces ouvrages de retenue. Dans sa pratique, le barrage agit comme symbole de cet irrésistible désir qui habite les humains de modeler et contrôler leur environnement physique, mais aussi mental, malgré le potentiel destructeur de leurs actions. Sa recherche a débuté en juin 2022 lors d’un périple jusqu’au réservoir Manicouagan, un cratère de 214 millions d’années qui s’est rempli d’eau à la suite de la construction du barrage Daniel-Johnson et de sa centrale Manic-5 sur la Côte-Nord. Elle a ensuite entrepris la construction d’un barrage-voûte en ciment à échelle humaine pesant plus de 1000 lbs dédié à être transporté, monté et démonté lors d’interventions performatives.

En partenariat avec le centre Adélard, le Lake Champlain Basin Program et le centre Avatar, Théorêt-Groulx poursuit ses recherches dans la région de Brome-Missisquoi au Québec et dans le nord du Vermont. Les barrages ont non seulement des incidences sur la morphologie des cours d’eau et des rives, mais ils peuvent également avoir un impact sur les caractéristiques physiques et chimiques de l’eau. Théorêt- Groulx s’est donnée comme mission d’effectuer des collectes de données en amont (avant) et en aval (après) de quatre barrages situés sur les rivières aux Brochets et Missisquoi dans les municipalités de Stanbridge East, Notre-Dame-de-Stanbridge, Enosburg Falls et Swanton.

À l’aide de l’outil/sculpture Mini barrage flottant conçu sur mesure pour braver les intempéries et collecter les valeurs de température, d’oxygène dissous et de conductivité dans l’eau, l’artiste a pris part à de longues journées de collecte sur une période de trois mois. Elle souhaitait non seulement vérifier l’hypothèse que les valeurs de température et l’oxygène dissous étaient différentes en amont et en aval des barrages, mais également occuper des lieux dans le temps qui sont à leur tour occupés par la présence d’un barrage. Si elle avait pu, elle se serait insérée au coeur du barrage pour faire l’expérience de cette jonction entre deux parties, deux états d’une même rivière.

En parallèle à la collecte de données, l’artiste a capté des vidéos et des sons sous l’eau à l’aide d’une caméra submersible et d’un hydrophone haute définition ainsi que les vibrations provenant des chutes se jetant des barrages à l’aide d’un géophone. Ces captations témoignent des répercussions physiques du barrage et d’une vie aquatique extrêmement riche, quoique inaccessible.

Lors de sa résidence chez Avatar, Pascale Théorêt-Groulx travaillera sur une pièce sonore qui transpose les données de température, d’oxygène dissous et de conductivité prélevées en amont et en aval des barrages en une installation sonore multicanaux. Les sons captés sous l’eau et en périphérie des barrages – crépitements, gargouillements et vibrations – sont modulés par les données changeantes à travers le temps et les différents lieux de collecte. En dialogue avec une installation vidéo à dix canaux, la pièce immersive plonge le spectateur dans un monde à la fois étrange et familier, enveloppant et inquiétant, nous rappelant les liens que nous entretenons avec la nature dont nous faisons partie, mais également le mystère qui ne pourra jamais être complètement percé, même par les outils scientifiques les plus sophistiqués.

Pascale Théorêt-Groulx

La pratique de Pascale Théorêt-Groulx en vidéo, son, performance, sculpture et installation s’intéresse à la relation du corps à son environnement physique, social et psychique. Elle examine l’incertitude et l’imprévisibilité du monde qui nous entoure et le besoin incontrôlable de l’être humain de le maîtriser. Théorêt-Groulx est originaire de Gatineau où elle a obtenu un baccalauréat Ès Art avec majeure en arts visuels et mineure en bande dessinée de l’Université du Québec en Outaouais. En 2014, elle a terminé une maîtrise en arts médiatiques à la Emily Carr University of Art + Design, à Vancouver, pour laquelle elle a reçu une bourse d’études supérieures Joseph-Armand-Bombardier du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada. Elle a pris part à plusieurs résidences d’artistes notamment au Banff Centre, à 2 DAÏMÔN, à Pigment Sauvage, au Vermont Studio Center, à L’Atelier Silex, à la Fonderie Darling et à Adélard. Son travail a été présenté dans plusieurs expositions individuelles et collectives notamment à la Fonderie Darling et à la Galerie B-312 à Montréal, à Verticale à Laval, à la Galerie Karsh-Masson à Ottawa, à AXENÉO7 à Gatineau, au ICA à Baltimore, Maryland et à Adélard à Frelighsburg. Elle vit et travaille à Montréal.

 

Résidence Phonurgia Nova-Avatar : En 2023, Avatar et Phonurgia Nova s’associent pour offrir une nouvelle résidence de création chez Avatar. Cette année là, à l’occasion des Phonurgia Nova Awards, le jury sélectionne l’artiste Pascale Théorêt-Groulx. 

Dates et horaire
13 décembre 2024 
De 12h à 20h et de 17h à 20h en formule 5 à 7
Lieu
Avatar, Méduse 5e étage
 
Vous êtes invité·e·s à une rencontre avec l’artiste vendredi 13 décembre à partir de 12h, à l’occasion d’un événement sortie de résidence permettant de découvrir le fruit de son travail de recherche et création chez Avatar.
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