Ainsi passe la gloire du monde

Claudie Gagnon

Installation / 2024

À l’hiver 2024, Claudie Gagnon élabore chez Avatar, une nouvelle installation animée, dévoilée pour la 25e édition du festival Mois Multi. Ainsi passe la gloire du monde sera présentée prochainement en France, à l’occasion de CHRONIQUES – La Biennale des Imaginaires Numériques, du 7 novembre 2024 au 19 janvier 2025.

Plongé·es dans le noir, nous découvrons une table opulente dressée devant nous. Sa décoration surannée évoque les natures mortes du XVIIe siècle hollandais dans lesquelles les mets les plus fins côtoyaient argenteries, bijoux, verreries en cristal et autres signes extérieurs de richesse.

Entre nature morte et tableau vivant, Claudie Gagnon nous propose une allégorie de la fragile destinée humaine. Le titre, “Ainsi passe la gloire du monde”, prononcée en latin Sic transit gloria mundi, évoque directement cela.
De nombreux indices matérialisent le passage du temps : des papillons symboles de l’éphémérité de la vie, des sabliers, des fleurs fanées, des fruits en putréfactions… Le tic tac d’une horloge rythme la scène qui semble paradoxalement suspendue. Des éléments familiers se confrontent aux plus extraordinaires, l’organique à l’inorganique, le précieux au trivial, dans une mise en scène où le passé et le présent semblent avoir lieu simultanément. Les nombreux miroirs exposés nous projettent malgré nous dans cette scène et nous forcent à contempler le temps qui passe sur notre propre visage. Cette œuvre est bien une vanité contemporaine, un memento mori (souviens-toi que tu vas mourir) qui nous rappelle résolument que toutes les richesses du monde ne nous rendrons pas immortel·les. Ainsi, nous passons subtilement d’une table garnie à un lit, peut-être celui de notre mort, dans lequel nous pouvons nous voir projeté grâce au grand miroir posé à l’extrémité de la desserte. La nappe noire devient alors linceul.

Tous ces objets sont-ils finalement la trace d’un passé révolu, une image de notre présent ou une vision du futur ?

L’œuvre prend vie de manière subtile, générant tour à tour des rotations d’objets ou des pulsations sonores en référence à la notion du temps, aux mécanismes routiniers et aux cycles inscrits dans les recommencements perpétuels.

Claudie Gagnon est une artiste chevronnée reconnue pour ses œuvres qui oscillent entre l’ordinaire et l’extraordinaire.

Crédits
Conception : Claudie Gagnon
Ainsi passe la gloire du monde de Claudie Gagnon est une coproduction du centre Avatar et des Productions Recto-Verso. L’exposition est présentée dans le cadre de Chroniques – Biennale des imaginaires numériques, en coproduction avec la Friche Belle de Mai, Molior, Seconde Nature, Avatar, avec le soutien du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Ministère de la Culture et des Communications.
Photos : Stéphane Bourgeois
Dates et heures d’ouverture
Du 7 novembre 2024 au 19 janvier 2025
mer. au ven. : 14h > 19h
sam. & dim. : 13h > 19h
Inauguration le 7 novembre
 
Lieu
Marseille, France
Panorama
Friche la Belle de Mai
 

À l’image de l’œuvre, lors du dévoilement à Avatar, un actant, Michel Marcoux, prend place à travers cette dépression lente, renforçant ainsi l’idée d’éphémérité du quotidien et élargissant notre vision sur la beauté de l’ordinaire.

Ainsi passe la gloire du monde, de Claudie Gagnon. Vernissage au studio d’Avatar à l’occasion du festival Mois Multi, le 2 février 2024. Actant : Michel Marcoux · Crédit : Charline Clavier

Claudie Gagnon

Originaire de Montréal, Claudie Gagnon, artiste multidisciplinaire autodidacte active depuis plus d’une trentaine d’années, vit et travaille à Québec.  

 Sa pratique se déploie sous plusieurs formes : installation, tableau vivant, sculpture, vidéo, photo, food art, création jeune public, collage et art intégré à l’architecture. Son travail est présenté autant dans les lieux voués à l’art – centres d’artistes, galeries, musées, théâtres – que dans des endroits choisis pour leur potentiel à stimuler la création d’œuvres in situ (grange, jardin, usine, église désaffectée, appartement voué à la démolition, etc.). Elle recycle tant des objets d’usage courant que des concepts, des œuvres plus ou moins notoires de l’histoire de l’art, en plus de s’intéresser aux empreintes visuelles et sonores qui forment notre culture savante et populaire. Ses créations sont empreintes de ludisme et de poésie : à la fois ravissantes et inquiétantes, elles provoquent l’enchantement et le malaise, hésitent entre l’ordinaire et l’extraordinaire. On y retrouve des éléments périssables, comme des aliments ou des végétaux, expression des cycles de la vie et du travail du temps sur toutes choses. 

 Ses œuvres ont été présentées dans des centres d’artistes, des galeries, des musées et des festivals en Amérique du Nord, en Asie et en Europe. Elles font partie des collections du MNBAQ, du MACM, du MBAM, du Musée d’art de Joliette et de plusieurs collections privées. Elle a occupé les studios de Paris et de Mexico du Conseil des arts et des lettres du Québec pour des résidences de création.

Présenté en février de chaque année, le Mois Multi est un événement produit et organisé par les Productions Recto-Verso depuis 2000. Le programme du festival regroupe des œuvres novatrices dans le domaine des arts multidisciplinaires, électroniques et numériques. Le Mois Multi se veut l’expression des mutations conceptuelles et technologiques qui agitent autant les pratiques que les formes inattendues de « l’art multi ». La présentation de spectacles interactifs, de performances, d’installations, d’environnements immersifs et d’œuvres qui fusionnent langages, matériaux, techniques, formes et procédés artistiques de toute nature fait sa singularité.

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