ALEXIS BELLAVANCE
Le Champ
2008
Biographie
Les œuvres de l'artiste pluridisciplinaire Alexis Bellavance entremêlent silence, bruit et « relief du temps » et résultent de recherches qui s’appuient sur différentes pratiques : art audio, photographie, performance et installation. Cofondateur du festival de performance VIVA! Art Action, membre actif de l’organisme Perte de Signal et cofondateur, avec Nicolas Bernier et Érick d’Orion, de l’ensemble d’art audio BOLD, Bellavance présente régulièrement son travail sur les scènes nationale et internationale. Ses œuvres ont notamment été diffusées au Canada, aux États-Unis, au Mexique, en Europe, en Chine et en Corée.
À propos de l'œuvre
Le Champ d’Alexis Bellavance
Une performance réalisée dans le cadre de L’art des bruits, un événement d’art sonore commissarié par Érick d’Orion. Québec, Mois Multi, 18-19 septembre 2008.
Un champ sonore, la nuit, dans un terrain vague, presque rural.
C’est sur la sonorité cristalline de la percussion du triangle que s’ouvre cet espace de performance. Une durée s’y installe. Lentement réverbéré, amplifié, puis balayé, ce son, d’abord clair à l’oreille, se complexifie. L’acier du triangle, tranquillement, commence à faire entendre sa matérialité de métal. Des minutes s’écoulent et la sonorité devient de plus en plus aérienne, jusqu’à atteindre les ondes radio. Cette sensation de montée, depuis le son initial de la performance, soudain, se révèle évidente : nous sommes passés de l’onde première du triangle - émise en direct - à son infinie réverbération atmosphérique, voire stratosphérique, grâce au média électronique.
Le travail d’échantillonnage qui s’est alors opéré nous plonge dans l’illusion d’une alchimie, par laquelle la matière audio reconnaissable s’est transformée en un ciel chargé d’électricité. Puis, une pluie, du métal encore dans cette pluie, une captation météo, quelque part en 2008. On nous laisse un certain temps immergés dans cette charge électrique. La réverbération qui nous y avait amenés s’est éloignée jusqu’à la limite de l’audible et, alors même que nous prenons conscience de cette distance, elle redescend vers nous. Très lentement, dans ce mouvement de retour, elle se rapproche et descend, devient drone au-dessus de nos têtes. L’engin reste là, à planer lourdement dans cet espace. Est-il tout entier contenu dans la pièce? Il est permis d’en douter, car il semble plutôt qu’il ait ouvert l’espace jusqu’à en faire un non-lieu de la perception. Perception sonore qui devient rapidement sensation du corps : immersion dans l’écho ultra-amplifié de l’acier initial.
Nathalie Bachand
Automne 2009
Extrait du texte « Du bruit au Mois Multi. Et quelques autres considérations sur le son », publié dans la revue Inter, art actuel, no 103.