CATHERINE BÉCHARD & SABIN HUDON
La circulation des fluides I
2008, 2009 et 2013
Biographie
Catherine Béchard et Sabin Hudon forment un tandem d’artistes depuis 1999. Ils vivent et travaillent à Montréal. La matière sonore et le mouvement sont au cœur de leur champ d’investigation. Les deux artistes s’intéressent aux sons et aux bruits - générés, entre autres, par des sources acoustiques -, à leur propagation, aux impressions qu’ils procurent ainsi qu’aux « choses » et aux « silences entre les choses » qui composent nos champs perceptifs. La démarche du duo procède de propositions esthétiques variées, intégrant la sculpture, l’installation cinétique, l’art audio et la performance, autant de configurations, de formes ou de pratiques qui se rencontrent parfois au sein d’une même œuvre.
Par l’engrenage des tensions fugaces entre la vue et l’ouïe, le duo réalise des œuvres qui s’attachent à rendre visibles et audibles des éléments anecdotiques de notre microcosme quotidien en tenant aussi bien compte de l’environnement spatial aussi bien que de la motricité ou de l'immobilité des corps qui le traversent. Les œuvres de Béchard et d'Hudon mettent en perspective l’« impermanence » et la mouvance des choses et des êtres ainsi que de notre présence au monde; elles mettent en place des moments où cohabitent le temps intérieur et le temps extérieur. Les réalisations du duo ont été présentées lors d’expositions individuelles et collectives dans de nombreuses villes du Canada, en République tchèque, au Brésil, aux États-Unis et en Allemagne.
À propos de l'œuvre
Cette pièce audio a été créée à partir de La circulation des fluides I, une installation sonore réalisée en 2008 et en 2009, qui sonde la résonance des eaux, ces corps liquides familiers à notre vue et que l'on connaît grâce à l'écoute aérienne, mais dont les échos subaquatiques nous restent somme toute étrangers. L'eau fait partie intégrante de nos vies. La majeure partie de la planète est submergée et le corps humain est essentiellement constitué d'eau. L'eau a sa spatialité, son rythme, ses modalités propres. Elle est duelle, une masse à la fois dense et légère, un milieu comprenant des zones de confort comme des régions obscures.
L'installation La circulation des fluides I est composée de pavillons de papier de dimensions variées, portés par une structure de bois aux nombreuses lignes de fuite qui s’entrecroisent, multipliant les points de vue et les horizons. Chaque pavillon est muni d’un haut-parleur, d’un canal d’amplification et d’un capteur à ultrasons. Par ses mouvements et par ses déplacements, le visiteur qui déambule dans l’espace de présentation de l'œuvre active l’émission de sonorités subaquatiques de diverses natures qui ont été captées par des hydrophones — des micros rendus étanches à l’eau — et en façonne les modulations : plus il se rapproche d’une source audio, plus le volume s’accroît; à l’inverse, au moment où le visiteur s’en éloigne, l’intensité diminue. Ainsi, dans La circulation des fluides I , les sons sommeillent, attendent l’interlocuteur pour se révéler. Ils vont et viennent, dans la mouvance des corps.
L'écoute à laquelle convie La circulation des fluides I est intimement liée à la matérialité de l'œuvre ainsi qu'à sa relation à l'espace et au temps. Pour la création audio ici proposée, nous avons fait une capture numérique des variations de mouvements et de distances générées par les onze sonars disposés à proximité des pavillons. Chaque sonar étant associé à un haut-parleur et à une source audio indépendante, nous avons aussi enregistré les sons diffusés dans ces onze cônes. En utilisant le même logiciel que celui employé pour l'installation, nous avons réalisé onze pistes audio résultant des variations de volumes produites par les sonars. Le tout a été mixé en stéréophonie de manière à constituer une pièce audio qui correspond à l'un des « parcours d'écoute » possible de La circulation des fluides I.